| Ankara, le 30 mars 2009 C'est reparti, nous nous remettons en selle demain après de longues attentes pour ces satanés visas. Ce soir, nous devrions pouvoir récupérer notre visa turkmène a l'ambassade. On sera quand même allé 8 fois à l'ambassade en 10 jours pour obtenir ce fameux visa de transit qui nous laissera 5 petits jours pour traverser le Turkmenistan d'ouest en est. Nous avons tous deux hâte de reprendre la route, de nous éloigner un peu vers l'est et de reprendre notre rythme de vagabond. Nous prendrons donc la direction de la Géorgie et de l'Azerbaijan puisque les Iraniens n'ont pas voulu que l'on visite leur pays. Cela fait une dizaine de jours que nous sommes a Ankara. Nous avons pu vivre la fin de la campagne municipale en live. Hier, les Turcs ont vote à 40 % pour le Parti de la Justice et le Développement, AKP. C'est le parti de l'actuel gouvernement dont le leader, Erdoğan, est maintenant célèbre pour ses propos musclés contre le 1er ministre Israélien au dernier sommet de Davos. Le paquet avait été mis par chaque parti pour remporter les faveurs des électeurs : des bus musicaux, des écrans géants dans les rues, des drapeaux, des affiches... allez savoir qui finance. En tout cas, la participation est importante. Hier, le bureau de vote ou j'ai accompagné Rezzak, notre ami turc, était bonde d'électeur. Il y a quand même eu 5 morts après les résultats !!! Ça ne rigole pas avec le militantisme ici. L'attente de nos visas m'a permis de faire un tour en Cappadoce, un peu de bus puis petit tour en vélo et retour en bus a Ankara jeudi dernier. Un petit séjour de 5 jours avec un peu de neige pour couvrir les sommets, du soleil et un paysage éblouissant. Petite anecdote : le lundi, j'ai été invite X fois par les habitants a boire un thé, partager un moment avec eux, tenter de discuter un peu. Comme je voulais arrivé dans la journée en Cappadoce, au bout d'un moment, j'hésitais a m'arrêter pour prendre une photo, demander mon chemin ou de l'eau. L'accueil que nous réservent les Turcs est vraiment formidable. Le même jour, pour m'abriter et sécher après m'être pris une grosse averse, je m'arrête dans un de ces cafés enfumés ou les hommes tuent le temps en jouant aux cartes, aux dames ou au rumikube. Je demande si je peux pique-nique dans le café, pas de problème. J'y rencontre un Hollandais d'origine turque qui passe ses vacances dans son village natale. Il est a la retraite après 35 ans de travail en Hollande. Toute sa famille vie en Rotterdam, ses 5 enfants, ses petits enfants et lui vient de temps en temps ici pour retrouver son frère et ses amis. "J'ai la carte visa et quand j'ai besoin, je prends la voiture et vais retirer 200 ou 300 liras à la ville d'à cote. Tu connais la visa, toi aussi tu en as une..." İci, avec un salaire ou la retraite d'un européenne, pas de problème de pouvoir d'achat... le döner est a 1 euro, le kebap a 2,5 euros, la pizza a 2 euros, le pain a 30 ou 50 centimes, le kg d'orange a moins de 1 euros, bref beaucoup moins cher qu'en Europe. Il est enchante de sa retraite et aussi d'avoir un passeport européen. Pour les Turcs qui veulent venir faire du tourisme en Europe, visiter Paris ou Rome, c'est la croix et la bannière, en particulier pour venir en France. Nous allons en Turquie avec une simple carte d'identité ; eux doivent faire une demande de visa avec attestation d'employeur, justificatif de compte en banque... pas très égalitaire comme principe !!! Bon, finalement, dans ce café bien enfume, je ne sais pas pourquoi, s'ils ont eu pitié de mon modeste pique-nique ou s'ils avaient peur que je ne puisse pas appuyer sur les pédales avec du pains, des olives, du fromage et une boite de haricots a la tomate mais je me suis retrouve, le casse-croûte déjà bien entamé, avec une pida (pizza façon turque) devant moi... De retour a Ankara en fin de semaine, jeudi soir, nous avons rencontrer un couple de français qui voyagent aussi a vélo. La trentaine, ils sont partis depuis plus de 6 mois ; Europe, Asie et Amérique du nord au sud sur trois ans avec de la rando en montagne et entre, du vélo. Et hier, c'est un couple de retraites de 65 ans avec qui nous avons mange. Pour leur troisième fois, ils se rendent en Asie centrale a vélo. Coup de chapeau pour Betty et Jean-Pierre car c'est un sacre exploit !!! Quand j'aurai leur âge, je ne pourrai peut-être que siroterai de la tisane de camomille devant le tour de France. Une telle rencontre, ça ouvre aussi des perspectives : jusqu'à 65 ans, il me reste plus de 35 ans pour sillonner routes et chemin. |